« Faire un effet boeuf » ou être vachement surpris!


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Preuve éclatante…

de la capacité de l’homme à domestiquer de grosses bêtes à cornes, le bœuf est un taureau que l’on a privé de sa virilité. Rendu docile, il fournit une aide bienvenue pour tirer la charrue – que l’on ne met pas avant – ainsi qu’une viande prisée des amateurs de rôti, de grillades et de mironton.

L’élevage bovin…

a signé le début de la vie sédentaire pour l’homme. Issu du latin bos – boves au pluriel, bœuf est fâché avec l’orthographe ! Passé par la forme buef au xiie siècle puis beuf au milieu du xve, il finit par écoper de l’dans l’de œuf. Rassembleur, il fait partie du même troupeau que les mots bouviersbugle, et même Bosphore, qui signifie « le passage de la vache ».
Son œil doux, sa carrure charpentée et sa chair persillée l’ont imposé dans la langue française. Personnifiant un esprit pas très fuselé, un bœuf est une personne plutôt lente d’esprit. Symbole du travail stakhanoviste, le bœuf est dur à la tâche et « franc du collier ».

Sa puissance vaut comparaison

On dit d’un individu ou d’un breuvage costaud qu’il est « fort comme un bœuf », la base pour comprendre le fameux « effet bœuf », apparu dans la presse en 1832, qui désigne un « effet de surprise total ». Célébré avec ironie par Proust dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs, l’effet bœuf en jette : « Je mettrais en relief le côté aristocratique de votre oncle qui en somme fait un effet bœuf et, la première rigolade passée, frappe par un très grand style. » Cet effet est littéralement… fort comme un bœuf ! Bien connu des jazzeux en goguette, la mélodieuse formule faire un bœuf vient du restaurant parisien Le Bœuf sur le toit, Q. G. de Cocteau où « bœufaient » Mouloudji, Charles Trenet et même les Frères Jacques dès les années 1930.

Plus sibylline, l’expression avoir un bœuf sur la langue fait allusion à la capacité à savoir garder un secret, le poids du bovin empêchant la confidence de quitter la gorge : « Patron, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. J’ai un bœuf sur la langue », rassure un personnage du Terminus des Prétentieux d’Audiard.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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