Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
le second cerveau
Organe travailleur occupé à broyer les aliments ingérés en chyme, l’estomac du gourmet est soumis au danger de subir des crampes et des aigreurs. Cette susceptibilité est sensible dans l’étymologie de ce mot à la terminaison rare. Apparu sous sa forme actuelle au XIV ème siècle, l’estomac est hérité du stomatos grec, un mot polysémique qui désigne à la fois l’œsophage, la bouche, l’estomac, le goût et l’humeur… voire l’irritation, que l’on retrouve dans le verbe estomaquer, issu du latin stomachari « s’irriter ». En médecine, il a donné son nom à la stomatologie, cette science de la cavité buccale. Porte d’entrée de l’appareil digestif, l’estomac est considéré comme une partie de ce « deuxième cerveau », selon une idée qui avait déjà cours chez Balzac dans Le Cousin Pons : digestion, en employant les forces humaines, constitue un combat intérieur qui, chez les gastrolâtres, équivaut aux plus hautes jouissances de l’amour.
broyeur de compet’
Dans les expressions, l’estomac se substitue aisément au cœur, en qualité de siège de valeureux sentiments. On parle ainsi d’un estomac bien accroché, d’avoir un poids sur l’estomac ou du plomb dans l’estomac. Les gloutons ont un estomac d’autruche ou d’acier : « Son estomac d’autruche digérerait des pierres », écrit Jules Renard, un brin admiratif. Avoir l’estomac dans les talons, une expression repérée pour la première fois chez Huysmans, c’est avoir tellement la dent qu’on ressent son estomac descendre ! En revanche, la faire à l’estomac est une formule désuète pour dire qu’on use de culot.
recettes locales
L’estomac ne fait pas que « s’ouvrir » à la digestion, il se mange ! Si l’Écosse est bien connue pour son plat national, le haggis, une panse de brebis qui n’est pas du goût des petites natures, il existe des recettes semblables en France. Un des fleurons de la cuisine juive d’Alsace, appelé gefelter mawe, est un estomac de bœuf farci. En Corse, on cuisine le « ventre cù u brocciu », et à Lyon, on pane le gras-double, ce bout d’estomac du bœuf pour en faire du tablier de sapeur!
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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