« Cuisiner comme un cordon bleu », c’est toi le chef mon poulet!


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

A l’escalope

Commercialisé en grandes surfaces sous la forme d’une escalope panée fourrée d’un fromage fondu et d’une tranche de jambon au rose suspect, le cordon-bleu ne rend pas hommage à la formule qui consacre la bonne cuisi- nière ou le bon cuistot. Apparue en 1958 aux États-Unis et inspirée par la  » Wiener Schnitzel« , l’escalope viennoise, et le « poulet à la Kiev », une recette à la mode dans les années 1960 dans les restaurants raffinés américains, cette recette n’est pas synonyme de gastronomie très poussée. Aujourd’hui, cette formule plaisante sert toutefois à décrire la personne qui, n’étant pas cuisinier professionnel, a tout de même l’aptitude de cuisiner comme un chef. L’expression, qui date du XVIème siècle, n’a au départ rien à voir avec la cuisine, mais tout avec la noblesse.

noblesse oblige

En 1578, en pleines guerres de Religion, le roi Henri III constitue l’ordre du Saint-Esprit, une organisation catholique vouée à traquer les protestants. Ne pouvait prétendre à y appartenir que la fine fleur de la noblesse : des hommes de plus de trente-cinq ans de haute naissance et des princes étrangers de plus de vingt-cinq ans. Premier ordre de la monarchie française, il est le plus prestigieux : pour prouver son appartenance, ses chevaliers portaient la croix de Malte accrochée à un ruban bleu, couleur de la noblesse. Abolie après la Révolution, cette distinction d’aristo fut remplacée par la méritocratique Légion d’honneur instaurée en 1802 par Napoléon.

le jarret et plus encore

Plus solennel que la jarretière de l’ordre des chevaliers anglais, le cordon-bleu devient la métaphore de l’esprit supérieur et d’honneur. Au XVIIème siècle par exemple, un poète qui guignait l’Académie française réussit à séduire les Immortels en qualifiant cet aréopage de « Cordon-bleu des beaux esprits ». La formule se féminise avec la parution en 1827 du traité Le Cordon bleu ou Nouvelle Cuisinière bourgeoise, écrit sous le pseudo de Mlle Marguerite. Quelques années plus tard, en 1895, la journaliste Marthe Distel publie le premier journal de cuisine, intitulé La cuisinière Cordon bleu puis fonde les très réputées écoles d’art culinaire Le Cordon bleu, qui ouvrent les secrets des chefs français aux femmes et à toutes les nationalités.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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