« Les carottes sont cuites », avec ou sans boeuf?


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Carotte royale

Non, la carotte n’a pas toujours donné les fesses roses ! La belle ombellifère devient orange sur le tard : au XVI ème siècle, un jardinier hollandaiscroise des carottes sauvages d’Orient pour obtenir une couleur propre à montrer sa gratitude à Guillaume d’Orange. Surnommé « le Taciturne », ce prince venait de libérer son pays du joug espagnol!

Quand elles cuisent, rien ne va plus : si carotte vient à l’origine du grec karôton, sa forme tardive carote (1538), voisine de crotte, traîne une connotation péjorative. On disait « ne vivre que de carottes » pour vivre mesquinement. Depuis 1880, voir ses carottes cuites, c’est mourir. « Les carottes sont cuites, je répète… », était le signal un brin fataliste crachoté par Radio Londres pour déclencher des opérations. Tirer une carotte, au XIX ème siècle, c’est « soutirer des sous » : l’expression évolue en se faire carotte, tel l’âne arnaqué par la promesse d’une hypothétique récompense.

À Paris, la police des polices a écopé d’un fondant surnom : les bœuf-carottes! Parce qu’ils font mijoter les suspects ? Peut-être, mais il y a une autre théorie. Quai des Orfèvres, les inspecteurs ont l’habitude de casser la croûte : un jambon beurre et roule! En revanche, on dit que la police des polices, elle, a le temps de s’offrir un plat du jour à la brasserie du Soleil d’Or… Un bœuf-carottes, par exemple.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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