Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
de profundis
Bien que festive, la bière a quelque chose de funèbre : ne dit-on pas qu’on met en bière un défunt, lorsqu’on le glisse dans un cercueil? Rien à voir pourtant avec la belle blonde qui mousse! Ce funeste homonyme aurait pour origine bëra, un mot francique apparu au VIII ème siècle : à cette époque, c’est ainsi que les Francs appellent la civière de bois pour transporter blessés et trépassés.
Au xiie siècle, la mode de l’enterrement des morts en cercueil fixe le mot bëra transformé en bière, tandis que son homonyme arrivera bien plus tard d’un pays au fort terroir de bière : les Pays-Bas, d’abord sous la forme du mot bier, « la boisson » en néerlandais. Les étudiants du XIX ème siècle, trouvant la confusion des deux termes assez comique, vidèrent dès lors des « bocks de cercueil » à la brasserie du coin.
« Être ou ne pas être de la petite bière »
Telle est la question. Selon une source à prendre avec des pincettes, ces grands buveurs de cervoise qu’étaient les Gaulois se la posaient déjà sous la formule latine « (non) parva cervisia est », traduction littérale de la locution précédente. Hommage à la déesse des moissons, Cérès, le nom gaulois de cervoise disparut au profit de la bière aux accents baltes.
Précédant l’arrivée massive des brasseurs du Nord à Paris au xixe siècle, l’expression daterait en réalité du début du xviiie. C’est de la petite bière dépeint quelque chose d’agréablement facile, voire d’anodin ou de carrément médiocre. Voici ce qu’assure une Fréhel bravache dans sa chanson La môme Catch-Catch en 1938 : « Pour moi ça c’est de la petite bière, tous ces mecs à biceps ne m’ont jamais fait peur! »
faux-col
En argot, « être rincé comme un verre à bière » est une formule désuète pour indiquer un état de grande fatigue ou d’hébétude. Plus guindé, le « faux-col » est l’image qui désigne la mousse blanche du demi quand elle est jugée trop abondante. Dans Les Pieds Nickelés, on trouve un personnage qui rêve d’une bonne bière en terrasse : « On s’rait bien mieux à l’ombre d’un demi-brune sans faux-col et bien tassé. »
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Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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