« C’est Fort de café! » : avec ou sans sucre?


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Voyageur du lointain…

Le mot café est passé par laTurquie, l’Orient et la botte italienne avant de réchauffer les Parisiens. Produit exotique, il porte d’abord le nom de cahouin puis de cahoa, de l’ottoman kahvé, déformation
de l’arabe gâhwâ.
Le café est présenté à Louis XIV par un diplomate turc en1669, venu dans un contexte politique tendu – un émissaire français est retenu captif par le sultan. À peine arrivé, le diplomate reçoit quelques happy few pour leur offrir un café turc apporté par des serviteurs enturbannés dans un décor des Mille et Une Nuits.

Cette féerie exotique est rapportée à un Louis XIV émerveillé, qui convie Soliman Aga à une fête dans les jardins de Versailles. Le roi a mis le paquet : son trône est couvert de diamants et la Cour est sur son trente-et-un. Le Turc ne paraît cependant pas épaté, il prend même cet étalage pour de la provoc. Pire! L’interprète comprend que Soliman n’est qu’un chargé de mission, pas un ambassadeur. D’humeur vengeresse, c’est un roi humilié qui commande une comédie-ballet à Molière et à Lully. Le pitch? « Un ballet turc ridicule ». Cela donne Le Bourgeois gentilhomme, célèbre pour sa Marche pour la cérémonie des Turcs endiablée.

Et le café s’allongea

À la fin du XVIIème siècle, le café s’inscrit dans les mœurs : il est à la fois la baie, le liquide et, après le succès du premier café parisien, l’endroit où on le sert. Fondé par un italien, Le Procope fait du café une boisson d’intellectuel. Réputé stimulant, il s’entoure d’une aura sulfureuse, un brin maso. Napoléon déclara que « le café m’apporte une douleur qui n’est
pas sans plaisir » Pour pondre sa Comédie Humaine, l’écrivain. Balzac buvait jusqu’à cinquante cafés par jour!

Bien loin de l’Orient des rêves, le « cabaret des Pieds-Humides » est une formule pour désigner un débitant de café en plein air où on le boit debout. À l’heure des capsules, l’expression délicieusement patinée c’est fort de café est toujours utilisée, bien que le café français ait été plutôt lavasse pendant des siècles jusqu’à l’arrivée du « petit noir » de percolateur. Si le « café crème » est une mascotte du chic parisien, le « café calva » écope du surnom de « petit bossu » en argot.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

. . . . . . . .

Editions
317 pages, 12,90€

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