Dimanche 20 novembre se tiendra la 162ème vente des vins des Hospices de Beaune. Les Buvologues vous racontent la naissance du millésime.
Feu au sud
Tout commence avec la récolte d’un nouveau millésime.
Avec le Pouilly-Fuissé, l’unique cuvée née en Saône et Loire (en attendant un legs d’un producteur de la côte chalonnaise qui regrouperait enfin les cinq vignoble de la carte), montre le chemin de la cuverie. Si le mâconnais a manqué de pluie en août par rapport au reste de la Bourgogne la qualité est très prometteuse.
Nous sommes le 25 août. Quatre jours plus tard la Côte de Beaune suit. La dernière parcelle cueillie sera le Saint Romain, le 16 septembre.
« Ce sont les plus longues vendanges de ces vingt dernières années aux hospices » annonce la régisseur du vignoble des Hospices de Beaune, Ludivine Griveau-Gemma. A voir parler cette femme aussi menue qu’énergique, on a l’impression qu’elle est arrivée cet été. Et dans le même temps qu’elle a toujours été là pour veiller aux grains…
les voyants sont au vert
L’an dernier sonnait son sixième millésime mais surtout le début de la conversion des 60 hectares du vignoble à l’agriculture biologique. 2022 a été une seconde année plus facile à gérer en terme de traitements même si la chaleur a remplacé le gel. On comprend à mi-mots que faire adhérer aux pratiques biologiques un groupe de 27 vignerons n’est pas une mince affaire. Le défi est également technique. En 2024, les vins mis en vente seront labellisés . Et cela met le sourire à notre régisseur.
Y compris les futurs négociants acheteurs qui devront poursuivre le cahier des charges s’ils veulent revendiquer « le logo vert étoilé » sur leurs étiquettes. La Maison Albert Bichot, première acquéreur de la vente, est déjà certifiée. « Ce n’est pas parfait la bio mais c’est moins pire » lance t’elle sûre de son effet. En bonne technicienne, elle veut réduire l’emplois des intrants même s’ils sont désormais certifiés bio. On n’est pas loin d’autres préceptes plus ésotériques. A la question de la biodynamie, elle concède du bout des lèvres « faire des essais à la marge ». Mais pour passer tout le domaine en biodynamie il faut trouver force bras. Et c’est une autre affaire. Un pas après l’autre, semble t’elle dire…
Quid des volumes ?
Si cette année dame nature s’est montrée capricieuse, elle a également été généreuse pour ceux qui la bichonne. Les vins rouges qui représentent les deux tiers des cuvées commencent juste d’être pressés. Nous n’avons donc pas encore le nombre exact de pièces qui seront mises en vente. Mais notre petit « doigt mouillé » nous dit qu’ils seront pas éloignés du volumineux millésime 2018. « Ce sont des vendanges saines (…) les blancs sont denses et équilibrés. Les rouges associent force et matière. (…) C’est un régal d’avoir des cuves pleines qui bourdonnent! » La régisseur est aux anges. La ville de Beaune et Sotheby’s sont sur ses ailes.
Et pour la vente?
C’est le consultant senior vin Jasper Morris qui résume en une phrase bien sentie la vente de 2021 et annonce celle à venir. « Les clients de Sotheby’s se sont ajoutés à ceux de Christie’s. » D’où un excellent chiffre (12,6€ millions) malgré une toute petite récolte.
Chez Sotheby’s le directeur des ventes de vins pour l’Europe continentale, Amayès Aouli, est très motivé par sa seconde vente. Ce diplômé de 37 ans passé par quinze ans de finance chez JP Morgan a rencontré le vin dès son adolescence. Quand ses parents l’achetaient chez les producteurs. S’il a organisé l’an passé neuf ventes aux enchères de vin on sent bien que celle des Hospices est la plus importante.
« Dès notre première année j’ai embauché six personnes pour developper la vente (…) Avec la conversion en bio le ciel est la limite » annonce celui qui lors du troisième dimanche de novembre sera dans les halles beaunoises derrière le téléphone avec ses clients.
Le vin au secours des malades
Il ne faut pas perdre de vue que la plus grande vente de vins de charité au monde profite à tous. D’abord aux malades qui sans l’argent de la vente n’auraient pas un hôpital aussi bien équipé à mi-distance entre les deux plus grandes agglomérations de Bourgogne.
Ensuite, aux associations choisies par le comité de surveillance des Hospices civils de Beaune dont le maire Alain Huguenot est président. Choisies mais pas encore connues. Nous pouvons vous dire que l’intégralité de la vente de la pièce de charité ira au profit de deux associations qui œuvrent dans l’interêt des enfants. Ainsi l’hôpital de Beaune va une seconde fois au secours des malades. Une tradition séculaire qui fait du bien dans une période ou les repères sont bousculés par l’actualité.
Guillaume Baroin
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