« Ne pas mélanger les torchons et les serviettes » : c’est coton, non ?


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

A Rome, la serviette se nomme mappa, comme dans mappemonde, la « nappe-monde ». Les bourgeois romains, à qui la tenue de pourpre est interdite car réservée à l’élite, tentent de mettre une touche de chic à leurs banquets avec des serviettes ou des torchons teints en violet. Formée, comme dessertserf, et service, sur le latin servire, « être esclave », la serviette est asservie à un seul utilisateur au XV ème siècle. Elle permet de garder quelques bonnes manières à table : « Lécher ses doigts gras ou les essuyer sur ses habits est inconvenant : il vaut mieux se servir de la nappe ou de sa serviette », conseille Érasme en 1513.


À la Renaissance, les serviettes parfumées sont tendances : elles sont nouées autour du cou par-dessus la fraise.
Opération délicate qui nécessite une aide, d’où l’expression : avoir du mal à joindre les deux bouts. En voyage, Montaigne regrette son petit confort : « Je disnerois sans nappe ; mais à l’allemande, sans serviette blanche, très incommodément. » Au XVIII ème siècle, la serviette de table illustre le statut social ; on ne peut donc plus mélanger les torchons et les serviettes.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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