« va te faire cuire un oeuf! » Avec ou sans mayo?


Chaque samedi Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

une histoire de cuisson

Aller se faire cuire un œuf, la belle affaire ! Mais comment ? En meurette, en omelette, brouillé, poché, mollet, parfait ou à la neige ? Ou…. à la coque ?Louis XV passait pour avoir le don de faire sauter d’un seul coup de fourchette la coquille de son œuf à la coque du dimanche. L’appariteur annonçait alors solennellement : « Le roi va manger son œuf » !
Ne nous méprenons pas sur cette coque, qui a depuis longtemps tout à voir avec la cuisine. En effet, coquere en latin, veut dire « cuire». Ce verbe qui a donné les noms maître queux et maître coq est « à la coque », cet œuf façon cuisinier. Pourquoi faut-il un cuistot pour le préparer?
Eh bien, à une époque sans minuteur, il fallait un certain doigté pour être régulier.

Oeuf de riche ou oeuf de pauvre?

Autrefois, bourgeois et malades mangeaient l’œuf de poule frais à la mouillette, tandis que les moins riches poêlaient en fricassées des œufs « de garde » ou des œufs durs de cane ou de pintade. Pas très verni en viande rouge, le pauvre abuse des œufs, alors que le proverbe est formel : « Un œuf par jour ça va, deux, bonjour les dégâts. » Si on en croit la description de de l’héroïne du roman Le Quai des brumes, qui n’a rien de commun avec son interprète à l’écran, Michèle Morgan, ça brouille le teint : « C’était une grande blonde (.], une figure fripée par la misère, l’amour, l’insomnie, et des embarras gastriques causés par l’abus de la charcuterie, des œufs durs et de l’alcool. »

L’oeuf, tout un symbole

Symbole de naissance et promesse de vie, l’œuf est de tous les menus : de la brouillade truffée au bistrotier œuf mayo, du fragile œuf en gelée à l’œuf dur des comptoirs, il est mangé à tous les râteliers. Francisation de l’ovum latin, ce bel ovale à l’orthographe étonnante se prononce en soufflant. Il couve dans des locutions oscillant entre précaution, alopécie et franche agressivité.
Ne pas mettre ses œufs dans le même panier, c’est se montrer prudent dans ses engagements. Tondre un œuf, c’est montrer un crâne chauve. Enfin, aller se faire cuire un œuf, qui date des années 1950, est inspirée de l’anglais : en effet, le Britannique envoie paître l’importun en lui intimant d’aller « sucer un oeuf »!

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Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

Editions
315 pages, 12,50€

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