« Être au régime sec » mais pas jusqu’à l’os !


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

A la période antique, l’historien Strabon raconte à quel point les Celtes sont les ennemis du bourrelet : « Ils s’efforcent de ne pas grossir, écrit-il, et tout jeune homme qui engraisse et dépasse le tour de taille prescrit se voit infliger une amende ». Catherine de Médicis, elle, était connue pour exiger des dames de la Cour un tour de taille maximal de 33 cm.Y a-t-il plus impérieux que la sensation de faim ?
Il y a plus royal en tout cas : le régime. Au XIIème siècle, le regisme est un royaume ; il est formé sur regimen, « action de diriger » en latin, qui a enfanté d’une autoritaire famille, comptant parmi ses membres les mots roi, régalien, régiment, régicide et régime. Terme de pouvoir, mais aussi de physique, le régime est entré dans le champ lexical de l’alimentation par le biais de la médecine. Le régime totalitaire qui préside aux menus des volontaires à l’amaigrissement a tout d’un pouvoir supérieur : il commande et règne sur les petits creux et les envies.

Sec, crétois ou yoyo, le régime a pour homonyme un régime bien plus nourrissant : le régime de bananes. D’origine antillaise, il provient de racimo, le « régime » en espagnol. Début XIVème, le régime désigne le traitement médical d’une maladie ; par extension, il devient à la fin du même siècle une manière de vivre, de se nourrir, pour conserver ou rétablir la santé. En cela, il recouvre à peu près le même sens que la diète, de diaeta en latin, le « style de vie », ce régime de vie hygiénique basé sur des pratiques saines.

Dirigiste, le régime est présent dans des locutions à vocation d’évaluation venues de la physique : marcher à plein régimeêtre en surrégime, subir une baisse de régime. En revanche, être au régime sec, comme son nom (ou plutôt son adjectif) l’indique, signifie « proscrire les boissons alcoolisées ». Et suivre un régime pythagoricien, c’est manger végétarien dans une langue soutenue que l’on retrouve chez Balzac. Faire un régime jockey, c’est être sous-alimenté, comme le raconte un ancien détenu dans ses mémoires : « L’économe, ventru et adipeux, met quant à lui toute la centrale au régime jockey. »

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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