« Laurent erre »
Tout le monde n’a pas le talent de Charlotte Brontë pour écrire un chef d’œuvre à la première personne comme « Jane Eyre ». On pensait que Laurent Ponsot, qui se connait bien lui-même, allait éviter les poncifs dans son premier livre. Celui du récit de sa vie. Et plus particulièrement de la période allant d’avril 2008 à août 2014 ou il a traqué le faussaire qui a falsifié des milliers de grands crus français dont le fameux « Clos de la Roche », celui de son domaine. Et bien c’est raté!
études très secondaires
« Mes aptitudes scolaires me permettent d’envisager Sciences Po avec l’objectif de devenir diplomate » écrit Laurent Ponsot, page 25, avant de lâcher quelques mots plus loin : « J’abandonne le lycée en première, et décide de partir à Nice ou j’entre à l’école hôtelière. » Il se rêvait César… Au moins le viticulteur se montrera plus opiniâtre dans sa traque du désormais célèbre Dr Conti alias Rudy Kurniawan! Au fil des pages nous découvrons que l’aïeul de l’auteur à inventé le papier d’Arménie (p.18), que ses lointains cousins ont crée le concept de buffet de la gare en Italie (p.20).
Avant de reprendre les vignes familiales, son grand-père Hyppolyte, docteur en droit se destinait à devenir diplomate…
Un gène familial sans doute.
cours toujours…
Le lecteur à droit à un cours (de rattrapage) sur les appellations viticoles bourguignonnes et leur hiérarchie à la quelle culmine bien entendu les grands crus du Domaine Ponsot. Les particularités du vignoble local dont celui de couvrir selon l’auteur 10% du vignoble bordelais alors que la vérité se situe à 22% (p.41). Mais aussi à un cours d’histoire tout court sur l’histoire de la Thaïlande. Ces passages alourdissent le livre et détournent le lecteur de l’intrigue première : comment un « petit » vigneron de Bourgogne a réussi à démasquer le plus grands faussaire de bouteilles au monde. Là ou le livre aurait pu devenir une enquête policière rocambolesque réalisée par « monsieur tout le monde » c’est le seul et l’unique Laurent Ponsot qui vole au secours du FBI! Des agents américains qu’il compare aux « Men in Black » du film éponyme (P.164). Nous ne sommes pas à un cliché près.
bien mis en scène
Ce qui frappe dans ce roman c’est la mise en scène dans lequel l’auteur se met à chaque chapitre. Il est le chevalier blanc et se compare ouvertement à Don Quichotte son roman de référence (Pge. 55). Puis au détective Philip Marlowe (p.98) allant même jusqu’à voir le complice de Sherlock Holmes en son assistante Xiu dans sa recherche du faussaire à Jakarta. « Tout Sherlock qui se respecte à besoin d’un Dr Watson à ses côtés » (p.128). Laurent Ponsot aurait gagné à faire du faussaire un Don Quichotte, car dans le déni de la réalité, et lui serait le magicien Freston son ennemi juré.
« Lorsque j’apparais sur la mezzanine, toutes les têtes se tournent vers moi en cascades, façon dominos, tandis qu’un long murmure travers la salle » lâche le saint homme en p. 56. Nous aurions bien aimé être une petite souris pour voir cela…
Le personnage principal se targue de manger aux meilleures tables et de dormir dans les plus beaux hôtels. On n’attrape pas la mouche du faussaire avec du vinaigre. Ainsi pour mettre Rudy Kurniawan en confiance, il le flatte lors d’un repas . « Je ne manque pas de le complimenter sur cette sélection de haute volée. Il paraît raggaillardi d’être ainsi approuvé par un membre de la dynastie Ponsot. » (p.93). Nous le serions à moins. Après tout c’est un homme célèbre vu que c’est lui qui l’écrit.
Si nous n’aimons pas mettre les gens dans des cases, il nous semble que celle de viticulteur est encore celle que Laurent Ponsot occupe le mieux. Vous pouvez avoir des qualités mais pas tous les talents. A bon entendeur…
Guillaume Baroin,
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