« Aller de conserve » : les sardines sortent-elles en boîte?


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Altération

A l’origine, aller de concert est une altération d’aller de conserve, une expression issue non de l’opéra mais de la marine. Au XVIème siècle, les pirates fichaient les jetons aux embarcations. Afin de se protéger mutuellement, les capitaines de bateaux choisissaient de sillonner les mers à plusieurs. Le verbe conserver, « naviguer en gardant à vue », est formé de cum, « ensemble », et de servare qui veut dire « garder, préserver », ce que fait très bien la petite boîte métallique initiée par Appert et inventée par Colin.

En 1795, Nicolas Appert conçoit le principe de la conservation par stérilisation – ou appertisation – dans des bocaux de verre. Un peu plus tard, le Nantais Pierre-Joseph Colin remplace le matériau initial par du fer-blanc : les boîtes sont petites et rectangulaires, tout ce qu’on peut y mettre, ce sont des sardines ! Gros succès chez les matelots, la boîte de conserve gagne tous les foyers. Les Français découvrent la sardine, ce petit poisson au nom d’origine méditerranéenne : en grec, sardênê avait le sens de « poisson de Sardaigne ».

Bretonnes bretonnant

Les villes côtières s’industrialisent : le petit port de Douarnenez passe de trois sardineries en 1860 à une trentaine quelques années plus tard. « Mettre en boîte » les poissons, c’est du travail… de femmes. Dès l’arrivée des bateaux à quai, les dames s’affairent pour frire puis serrer les sardines dans les petites boîtes. Rémunérées aux 1 000 sardines, les sardinières ne gagnent presque rien. En 1905, les Penn Sardin – « tête de sardine » en breton, surnom des douarnenistes – se mettent en grève pour demander un salaire horaire. Loin des refrains de Patrick Sébastien glorifiant la sardine en boîte, les insurgées de la sardine vont de conserve obtenir de nouveaux droits.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

. . . . . . . .

Editions
317 pages, 12,90€

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