Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
ustensile culinaire
Mot familier, la marmite n’en est pas moins issue d’une étymologie des plus secrètes… et passionnantes. Belle cuivrée aux rondeurs chaloupées, la marmite évoque confusément potions fumantes et sorcières. Pourtant marmite n’est pas chaudron! La différence ? La marmite est fermée par un couvercle. Et ça, ça change tout…
Elle tire son nom de son caractère cachotier. Comparée à l’honnête poêle et au chaudron bonhomme, la marmite escamote ce qu’elle contient. Elle est un héritage de l’adjectif marmite, « hypocrite » en ancien français, formé sur l’onomatopéique marm-, que l’on retrouve dans marmonner, et de mite, l’ancien nom du chat qui survit dans mistigri et chattemite.
Faux-cul, la marmite!
Mais bien utile au logis. Au XVI ème siècle, elle prit un temps le sens de « nourriture ». À la maison, on y fait bouillir les carottes mais aussi la lessive. La marmite est tellement centrale dans les foyers que, par métonymie, on dit qu’on la fait bouillir lorsqu’on fait rentrer l’argent à la maison – et cela s’applique plus particulièrement aux femmes.
À la même époque, elle prend une signification plus crapuleuse, que l’on peut entendre dans la pièce Les ramoneurs d’Alexandre Hardy en 1624 : « Ce vieil couvercle couvre une vieille marmite dont les vapeurs pestiférées le renvoyeront gentil garçon. » Pas évidente à comprendre, elle désigne ici une putain âgée à laquelle il vaut mieux ne pas se frotter. La marmite, en argot, est le nom donné à la prostituée qui « rapporte » le plus à son souteneur. Très fréquent à la fin du xixe siècle, cet emploi est régulièrement cité dans les chansons de Bruant.
au restaurant!
Côté cuisson, on parle aussi en langue verte du « drapeau noir flottant sur la marmite » : un moment de dèche noire! En 1868, les communards Nathalie Lemel et Eugène Varlin fondèrent une cantine ouvrière, la Marmite, œuvrant pour « fournir au prix de revient une nourriture saine et abondante à consommer sur place ou à emporter ». Lieux popus et politiques, les Marmites se mettent à pulluler dans Paris, du moins jusqu’au lynchage à mort de Varlin sur la dernière barricade de la Commune au printemps 1871 ; les marmites cessèrent alors de bouillir.
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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