« Tomber sur un os », sans se les briser…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Cette expression centenaire nous vient de la Grande Guerre. Dans les tranchées du Nord, nos pauvres poilus souffraient alors de plus d’une calamité : la peur, le froid, l’humidité, les poux, les blessures… Mais aussi, la tambouille!
Il faut savoir que le rata des fantassins n’avait rien d’un festin : une petite gamelle de ragoût, et basta ! Tomber sur un morceau de viande était alors un espoir partagé par tous les soldats : mais seuls quelques happy few avaient la chance de recevoir un bout de bidoche. Les autres malheureux tombaient alors sur l’os tant redouté… Sur lequel restaient parfois accrochés quelques lambeaux de chair à ronger. Plaisir canin s’il en est, mais maigre repas.

Notons toutefois qu’il y a os et os ! Celui de la seiche, bien sûr, que l’on donne en pâture aux oiseaux, d’où l’expression « ça ne vaut pas un os de seiche ». Mais l’os à moelle, pardon, n’est pas à donner aux chiens ! Renfermant un trésor gras et moelleux au parfum envoûtant, il est le roi du pot-au-feu et de l’osso bucco, cette spécialité milanaise à base de jarret de veau mijoté dont l’arôme repose sur la substantifique moelle. Les os moins joufflus ne sont pas à jeter non plus : la carcasse de poulet, par exemple, est un vrai trésor.

Au XIIème siècle, le philosophe et médecin juif Maïmonide nous éclaire sur ses vertus : le bouillon de poule soignerait les rhumes, serait bénéfique aux femmes enceintes et guérirait même asthme et lèpre – il doit falloir en boire beaucoup. Vénérée dans la cuisine judaïque, la « pénicilline juive » tire ses bienfaits curatifs des innombrables nutriments et minéraux contenus dans l’ossature du gallinacé ! Et une fois sur la table, le bouillon de poule ne fait pas de vieux os, avec ou sans vermicelles.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

. . . . . . . . . .

Éditions
317 pages, 12,90€

Précédent "Les premiers Beaujolais" de Wine Paris 2025 (Chapitre 1)
Suivant A Wine Paris 2025, l'Alsace entre en effervescence!

Pas de commentaires

Répondre