« avoir un coup de bol » mais pas la coupe du même nom…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

simple comme chou

Mot en trois lettres et simple comme chou, le bol est double, sinon triple. Le premier bol est issu du latin bolus et appartient au vocabulaire médical : formé sur bôlos en grec, « la motte », ce terme n’a rien à voir avec le boloss, ce demeuré des années 2000. On le retrouve en revanche dans le champ lexical de la digestion : le bol alimentaire est en effet cette motte de nourriture ingurgitée à l’ins- tant et mouillée de salive.

L’autre bol nous intéresse encore plus. Cet homonyme apparaît tardivement, à l’approche de la Révolution. Venu d’outre- Manche, il est la francisation du mot anglais bowl, de la même racine que bowling. Fort répandu au XVIIème siècle, le syntagme bowl o’ punch fut rapidement transformé en bolleponge. 136 ans plus tard, tandis que les têtes tombent, le bol prend le sens de « vase qui sert à offrir certaines boissons ».
Aujourd’hui, on dit bien que l’on en a ras-le-bol de son boulot, qu’on n’a pas eu de bol avec le contrôle de maths ou qu’on a eu du bol cette fois-ci ! Avoir du bol, c’est avoir la baraka, de la moule, de la veine, du pot ou… du cul. Au sens figuré, le bol est bien plus près de la ceinture que de l’ami du petit-déjeuner.

chance en céramique

Le terme bol est synonyme de « chance », tout comme pot. On dit ainsi « avoir du bol » ou « avoir du pot » pour avoir de la chance. Merde alors ! Eh oui, dans l’argot des apaches de la Belle Époque, le bol a le sens de « fondement » voire d’ »anus ». Très courantes depuis les années 1940, les expressions autour du mot bol ont toutefois si bien versé dans le langage courant qu’il est dur de se figurer ses origines scatos!

Lorsque l’on regarde les portraits médiévaux, on est frappé par une coupe de cheveux particulière qui semble avoir été très en vogue pendant longtemps. La coupe en écuelle, en sébile ou au bol était obtenue par les barbiers en posant un bol sur le crâne. Coiffure signature de Du Guesclin et Jeanne d’Arc, ce look un peu raide revient en force dans les sixties par la faute du coiffeur anglais Vidal Sassoon. Ringardisé à jamais par le truchement de Mireille Mathieu, le bol est désormais plus utile à servir la soupe qu’à couper les tifs!

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

. . . . . .

Editions
312 pages, 12,90€

Précédent Domaine Romanesca, l’affaire d’un trio à la vie, à la vigne
Suivant Eric Forest, le chercheur d'or du Pouilly-Fuissé

Pas de commentaires

Répondre