Entre baisse de récolte et hausse des ventes, l’interprofession des vins de Bourgogne donne les tendances du millésime 2021.


Benoît de Charrette, président de la Cité des Climats et vins de Bourgogne présente les avancées du projet (Photo G.Baroin ©)

Lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce mardi 5 octobre au Château de Cîteaux à Meursault, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne a dressé un premier bilan de la récolte 2021 et présenté des résultats commerciaux proche des records.

« Annus Horibilis »

C’est en reprenant cette expression marquante de la Reine d’Angleterre dans son discours de 1992 que le vice-président du BIVB* et vigneron à Vougeot, François Labet lance la conférence de presse dite « de rentrée ».
Le ton est donné.
L’estimation de récolte qui porte sur 400 producteurs devrait osciller entre 750 000 et 900 000 hectolitres soit la moitié d’une récolte normale. Mais les chiffres ne seront définitifs qu’au moment de la vente des vins des Hospices de Beaune.


Selon notre retour du terrain, le résultat final devrait plutôt être aux alentours des 700 000 hectolitres. Ce sera de toute façon, une des plus basses récoltes que la région ait connu de son histoire moderne. « La faute à un gel qui a fait plus de mal que les maladies (mildiou, oïdium) auxquelles les vignerons que nous sommes sont habitués » selon François Labet. Et de poursuivre « …cette perte de récolte est nationale et devrait faire descendre la production française de 30 à 40%. » Adieu la place honorifique de premier pays producteur mondial de vin.

Octobre moins rose

La bonne nouvelle vient de la qualité qui est celle d’un millésime de fin septembre (voire début octobre pour certains) porté par de bonnes acidités, un gage de « vin de vieillissement » selon le vice-président. Sauf que le gros des consommateurs ne fait plus vieillir ses bouteilles.
On se console en se disant que les nombreux 2020 (1,56 million d’hectolitres) commencent d’arriver sur le marché avec un profil de vin de plaisir. Et que « Nous avons deux ans de stock devant nous » selon le président Drouhin. Ce qui n’empêche pas depuis le début de la récolte une envolée des cours du vrac qui se retrouvera forcément en bouteille.


Ainsi, nous ne pouvons pas croire qu’un Corton-Charlemagne vendu 20 000€ la pièce l’an dernier et 30 000€ cette année (ndlr : information confirmée ce jour par un producteur) ne va pas sortir en bouteille sans une forte hausse. C’est la loi du marché. Même dans les appellations régionales les prix implosent tant les vins sont rares. Les producteurs lisseront sûrement cette hausse en commençant avec les 2019 et/ou les 2020.
Même si les édiles se veulent rassurants, on sait que quand le prix du Bourgogne monte en bouteille il ne redescend jamais.

« La machine tourne bien »

Enchainant sur le commerce des vins, le président Frédéric Drouhin, accroche l’auditoire par cette phrase « mécanique ». Poussés par les vins blancs (+19% en volume) les vins de Bourgogne affichent une croissance en volume de 17,20% et de 22,10% en chiffres d’affaires sur les six premiers mois de 2021 par rapport à la même période en 2020. On frôle les records de 2018. Il faut dire que l’export à progressé car la levée des taxes américaines entre avril et juillet a relancé le premier marché des Bourgognes.

Maintenues pour cinq ans par la nouvelle administration, les américains devraient continuer leurs commandes de vins de Bourgogne. Le second marché qui est britannique nous vaut une « saillie drolatique » de François Labet qui déride la salle : « Ils boivent plus de vins qu’ils ne consomment d’essence!« 
Si l’export représente la moitié des ventes de vins de Bourgogne, la France prend l’autre moitié. C’est un signe fort et positif que d’être prophète en son pays, non?

Les mystérieuses cités dorment…

Quand Benoît de Charrette prend la parole on sait qu’il ne va pas nous parler de la pluie et du beau temps. Une cogitation collective et un cabinet de conseil parisien plus tard, le président nous présente le nouveau logo et le nouveau nom de la Cité des vins.
Elle devient « La cité des climats et vins de Bourgogne » car le tribun l’annonce tout de go : « Le mot magique, c’est le climat (…) c’est la façon dont nous sommes perçus. »


Les trois cités de Chablis, Beaune et Mâcon, sortent lentement de terre, chacune a son rythme (lire notre article A Chablis, la Cité des vins et des Climats de Bourgogne pose six « premières pierres »…)
Le président de la cité des climats et des vins avance une inauguration « Au moins symbolique » pour le second trimestre 2022. Mais compte plutôt sur une ouverture au public en mars 2023 au vu des problèmes actuels pour obtenir certaines matières premières comme le bois.

Une cité de plus?

A la question d’un rapprochement avec la Maison des Vins de la Côte Chalonnaise au sein des futures cités, le président de Charrette avoue ne pas avoir été contacté mais étudiera « toute demande de partenariat comme c’est déjà le cas avec la halle de Gevrey-Chambertin. »
Reste au maire de Chalon qui fait revivre activement les vins du chalonnais avec sa désormais traditionnelle Paulée de la Côte Chalonnaise (les 15, 16 et 17 octobre prochain), à saisir cette main tendue pour unir plus encore le chalonnais au reste du vignoble.

Guillaume Baroin

*Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne

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