Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
née a Tyr
Objet familier, la tasse voit sa place dans le vaisselier grignotée par le mug, cette chopine anglo-saxonne à la trivialité bonhomme. Distinguée voire précieuse, la tasse est polysémique : à la fois contenant et contenu, elle peut être tasse à café ou à thé, » trembleuse » ou mazagran. Le mot tasse fait son apparition dans la langue française dès 1150, tirée de tâssa en arabe, qui désignait aussi un verre dans lequel des boissons étaient servies. À l’époque, la région de Tyr était reconnue pour la splendeur de ses poteries ouvragées. Souvenir des croisades, ce mot court se fait difficilement une place dans le vaisselier.
Histoire d’en boire
Moins chic que le calice, elle est plus petite que le large contenant que l’on rencontre dans la tirade du nez dans Cyrano de Bergerac : « Mais il doit tremper dans votre tasse !/ boire, faites-vous fabriquer un hanap ! » Plus très en vogue depuis le XVIIème siècle, le hanap était un vase à boire formé sur le germanique hnappa, « le crâne », évoquant l’ancienne coutume consistant à boire dans la caboche de son ennemi ! Pas très pratique, la tasse est richement décorée mais n’a ni anse ni soucoupe jusqu’au XVII ème siècle : lorsque le café est arrivé en Europe, au XVII ème siècle, il est servi dans des tasses sans manche et a une fâcheuse tendance à déborder. Au siècle suivant, on équipe les tasses d’une soucoupe en guise de support mais pas seulement ; elle était aussi utilisée pour refroidir le café avant de le boire. Comment ça ? En fait, la boisson chaude était servie et bue directement dans la soucoupe. Bizarre, bizarre ! Unité de mesure britannique, la tasse en porcelaine fleurie est chez les Anglais indissociable d’un intérieur cosy et de la négation » it’s not my cup of tea « , preuve de l’intérêt brûlant pour cet objet.
Boire la tasse est une variante de boire la grande tasse, ou encore boire un bouillon, des expressions apparues au XVIII ème siècle. Badine, elle évoque pourtant une triste fin : à l’époque, les marins ne savaient pour la plupart pas nager et mouraient parfois de boire la tasse, la tasse signifiant ici la » mer « . Dès la fin du XVIII ème siècle, on emploie cette formule au sens figuré d’ « échouer » ou de » faire faillite ».
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