Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
A cheval !
« C’est un saucisson / de cheval, Que je viens de faire à cheval… », braille Boby Lapointe. Cette chanson, qui épuise les allusions pos- sibles à l’équidé, ne fait pas réellement référence à la charcu- terie de boucherie hippophagique. Le saucisson est en fait une métaphore pour le tube que l’on matraque comme une grosse rosette à la radio, dont il saucissonne les grilles. Avant que Boris Vian n’invente l’expression « un tube » pour désigner une chanson à succès en 1957, on employait le mot saucisson. L’auteur trouvait que l’expression utilisée alors dans le métier n’était pas très élégante !
Avec ou sans ail ?
Pas chic, le saucisson ? Celui qu’on appelle avec une tendre familiarité « sauce », « sauciflard » voire « sifflard » est profondément populaire. Sa forme rigolote et conviviale en a fait l’ami du casse-croûte et des pique-niques ; le verbe désuetsaucissonner signifiait autrefois « manger sur le pouce ». N’oublions pas la maxime à ce sujet signée Paul Claudel, l’éminent dramaturge : « Avec le saucisson à l’ail, on se sent moins seul. » En argot, il est bizarrement lié au champ lexical de la cuite : on disait être bourré comme un saucisson ou avoir des lunettes en peau de saucisson, c’est-à-dire ne plus y voir clair sous l’effet du rosé.
Saucisse et saucisson
Jamais loin du beurre et du cornichon, il ne manque pas de sel, et pour cause : il est formé sur le latin salsicia, « salé » en latin, qui a aussi donné le mot saucisse. À Rome, la différence entre ces deux familles était marquée : les salsamentarii vendaient des salaisons, telles que le gros saucisson appelé « pendulus », tandis que les botularii faisaient commerce des boudins et saucisses. C’est bien plus tard qu’apparaîtra la chipolata, une saucisse italienne formée sur la cipola : l’ »oignon ».
Pour le cochon, les meilleures échoppes se fournissent chez les Gaulois, réputés pour leur viande de qualité. Des siècles plus tard, Alexandre Dumas affirmera une vérité profonde dans son Grand Dictionnaire de cuisine : « Il y a des villes dont les bons saucissons ont fait la réputation ».
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