Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
figure bancale
Solidement arrimé à son ballon de rouge, il soutient le comptoir : cette colonne à truffe fleurie, c’est le pilier de bistrot. Vous savez, ce poivrot accroché au bar comme une moule à sa frite… Et pas radin en vérités profondes. Il produit ce fruit étrange de la rumeur et de la sagesse populaire : la brève de comptoir! Comme le Gabin aviné du Tonnerre de Dieu, il est capable d’enchaîner tautologies et figures de style, tel son fameux : « Je suis comme ma voiture : je suis sobre sur la route et je consomme en ville. » Ces formules parfois immortelles sont proférées sous l’œil impavide du patron essuyant ses verres : ce taulier que, dans le temps, on appelait bistrot par métonymie, à l’instar du marchand de vin bougnat.
à la mode russe
L’étymologie qu’on prête au mot bistrot est terriblement exotique ! La légende raconte qu’elle serait héritée de la bataille de Paris en 1814. L’armée de Napoléon tente de défendre la capitale contre des forces européennes alliées qui réunissent Prussiens, Anglais mais aussi un paquet de Russes. Parmi eux se trouvent des Cosaques qui ont un problème : ils ont soif. Dès que le chef a le dos tourné, ils foncent au café du coin pour y glouglouter des boissons d’homme. Comme ils sont très pressés, ils hurlent « bistro bistro » pour être servis fissa… Parce qu’en russe, ça veut dire « vite, vite! »
du poitou et c’est tout!
En réalité, ce faux soviétique aurait d’abord été orthographié bistraud et serait venu d’une province à fort potentiel terroir : en poitevin, bistraud désigne le marchand de vins. Et il est antérieur à la visite des Cosaques ! Il pourrait être une variante de bastringue, ou une altération de mastroquet, le débit de boisson et première version de troquet. À la fin du XIX ème siècle, le bistingo est un petit restau en argot… Pas forcément distingué ! Aujourd’hui, le pilier de bistrot continue de faire pousser son durillon de comptoir, ce bourrelet abdominal attribué à la consommation de bière que l’on appelle aussi abdo-Kro.
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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