Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
D’où vient le mot gourmet ?
Ses origines le ramènent au XVI ème siècle : la première attestation est le féminin groumete, la « courtière en vins ». Il est suivi de l’apparition du terme groumet, le valet chargé de conduire les vins. Ces termes sont les diminutifs de grommes, « valet », en ancien français, lui-même tiré du vieil anglais grom, « le jeune garçon », qu’on retrouve dans le mot groom, qui en France évoque instantanément un garçon d’étage en uniforme à boutons dorés.
Au fil du temps, le r de groumet se déporte et le terme prend sa forme actuelle, gourmet, plus proche de gourmand, adjectif apparu au XIV ème siècle et dont il subit l’influence. En plein milieu du XV ème siècle, il prend le sens de « personne qui déguste du vin, qui sait l’apprécier, bon buveur ». Au XVIII ème siècle, il sort de la cave pour passer à table : on appelle ainsi une personne qui sait apprécier la bonne chère. Toujours accompagné de l’adjectif fin, le gourmet n’a pas de féminin!
« N’est pas gourmand qui veut… »
écrivit le gastronome Anthelme Brillat-Savarin, le plus célèbre des gourmets. Moins connu, l’homme qui l’a inspiré était un gourmand-né. Né sans mains en 1758, Alexandre Balthazar Laurent Grimod de la Reynière a malgré tout un bon coup de fourchette. Son père, charcutier devenu riche fermier général réputé pour le faste des dîners et pour son verbe cru, lui donna le goût de la bonne chère, mais pas de la famille. Misanthrope et amateur d’humour noir, il déclara : « C’est mon père qui m’a volé mes doigts, pour m’empêcher d’enlever sa bourse qui, pour moi, son prince héréditaire, est toujours fermée. »
gâteau surprise
Ami du gastronome Alexandre Dumas et de tous les bons cuisiniers, il était connu pour ses réceptions aussi fastueuses que farceuses : il invita ainsi ses amis à son propre dîner de funérailles, pour émerger bien vivant de son catafalque! Bel esprit tapageur, il laisse des écrits fondateurs composés au moyen de doigts postiches, tels que l’Almanach des Gourmands et le Manuel des Amphitryons – ce dernier étant le titre poétique donné à l’hôte qui reçoit, dont le nom fut inspiré par le personnage de Molière résumé par ce vers : « Le véritable Amphitryon / Est l’Amphitryon, où l’on dîne. »
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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