« Avoir les foies » tout en la conservant…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

foie gras

Spécialité bien de chez nous, le foie gras a pourtant l’âme aussi voyageuse qu’un vol d’oies sauvages. Les voyant passer l’hiver entre le Tigre et l’Euphrate, les Sumériens se risquèrent à goûter leur foie. Curieux de connaître les secrets de cet organe au goût subtil, les Égyptiens constatent que les oies se gavent de nourriture pour se préparer à la migration. Ils comprennent alors que les oies, en accumulant un sacré carburant, se font un foie gras!

de l’Égypte à la Grèce

Les Égyptiens refilent leur technique aux Grecs qui se mettent à gaver les oies avec des figues pour obtenir un hepar sykôtón, littéralement un « foie figué ». Les origines du mot foie ont un petit goût de Figolu : passé par la forme figido en latin, il est proche du fegato italien, qui a pour racine ficus, « la figue »! Passés par la Palestine, les Hébreux de l’Est de l’Europe perpétuent les secrets du foie gras pour des raisons pratiques. Les Juifs utilisaient fréquemment la graisse d’oie pour la cuisson, car le beurre, avec la viande et le saindoux, leur était interdit, et les huiles trop difficiles à obtenir en Europe centrale et de l’Ouest. Dès le XV ème siècle, sont répertoriées des recettes de pâté de foie gras en Alsace, région abritant de nombreuses communautés juives.

fric-frac c’est dans le sac!

Depuis le XIXème siècle, ce produit de luxe est devenu un emblème de la cuisine française. Dans Fric-Frac, Arletty fait tâter son biceps musclé à Fernandel et crâne d’un « et mes bras, alors ? C’est pas du pâté de foie! ». Pas très ferme, le foie n’évoque que mollesse et couardise en France, alors qu’il est présent dans d’autres langues comme une image de courage. Dans sa chanson Nini peau d’chien, Bruant loue un certain « Bibi-la-Crème / Parc’qu’il est costaud / Parce que c’est un homme / Qui n’a pas le foie blanc ». Expression connue depuis la fin du XIXème siècle, avoir le foie blanc signifie qu’il a perdu sa couleur rouge, symbole de force. L’expression offre des variantes colorées : on dit aussi avoir les foies bleus ou verts voire tricolores. Finalement, la couleur passe à la trappe, et on dit avoir les foies, ou les jetons, ou les jambes en coton.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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Editions
317 pages, 12,90€

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