« Pédaler dans la choucroute » : avec du riesling ou de la bière?


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

11H11, l’invasion des Huns

Affichant des origines barbares, la choucroute serait un des petits cadeaux laissés par celui que, dans les années 450, on surnomma « le Fléau de Dieu ». Attila, roi des Huns, avait alors la manie de mettre l’Europe de l’Est à feu et à sang. Une bonne raison de ne pas épargner l’Est de la Gaule, notamment Metz et Strasbourg. La Gaule tremble, mais c’est pour la bonne cause ! La bénédiction de ces mises à sac, c’est l’apparition du chou suri, soit « fermenté ».

version française


Au XVII ème siècle, on mangeait de la sorcrote, francisation de sürkrüt, version alsacienne de l’allemand sauerkraut, « herbe aigre ». Saur accompagne désormais le hareng mariné, et la kraut, « herbe », devient croûte. Fierté nationale allemande et régionale en terres alsaciennes, elle prête à la caricature : dans les pays anglo-saxons, kraut servait de surnoms aux Allemands pendant les deux guerres mondiales, les Français se contentant de surnommer leurs voisins germains « Les bouffeurs de choucroute », oubliant que les Alsaciens, eux aussi, la revendiquaient comme spécialité!

un petit tour et puis… reste

La savoureuse formule pédaler dans la choucroute nous viendrait du Tour de France, cette autre fierté patriotique. On pourrait la dater de 1905, année où la voiture-balai portait haut les couleurs d’une célèbre marque de choucroute. Les coureurs au bout du rouleau finissaient dans cette voiture, ce qui leur valait la remarque moqueuse « qu’ils pédalaient dans la choucroute » pour atteindre l’arrivée. L’expression a quitté la grande boucle pour désigner toutes sortes de difficultés, notamment celles d’une personne qui n’arrive plus à travailler ou d’une situation qui s’enlise.

Amatrice de matières où la progression pourrait être compliquée, cette expression permet de pédaler aussi dans la semoule, la purée, le yaourt, voire la cancoillotte.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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