C’est du lard ou du cochon? En tout cas ça y ressemble…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

une cuisine porcine

Pendant des siècles, en Europe, le lard a servi de condiment en cuisine. L’huile est plus rare : c’est la graisse des jours maigres et du Carême, qui bannit les graisses animales. Très présent dans la cuisine, le lard donne du goût à de nombreuses expressions l’assimilant au corps humain.
L’obstinée tête de lard n’hésite ainsi pas à rentrer dans le lard de celui qui lui prend le chou. Si dès le XVI° siècle, frotter le lard, c’est  » faire l’amour », se remuer la couenne, c’est « réagir ». Depuis le XVIII° siècle, se demander si c’est du lard ou du cochon équivaut à dire que « C’est blanc bonnet et bonnet blanc ». Le lard étant la graisse porcine : c’est-à-dire hésiter
entre deux interprétations très proches.

Foi de cochon

Le lard a servi aussi à « éprouver » les non-chrétiens ! Dans Don Ouichotte, l’homme de la Mancha consigne son menu de la semaine. Pour le samedi, il prévoit un bon duelos y quebrantos, littéralement « deuils et brisures ». Mais que tout le monde comprend comme étant des œufs au lard. Certaines
théories avancent qu’en mangeant ce plat le jour de shabbat, Don Quichotte révélerait sa condition de juif marrane. En espagnol, marrano est une injure qui signifie « porc ».


À partir du XIII° siècle et plus fortement après l’expulsion des Juifs en 1492, le converti était soupçonné d’être resté fidèle à sa foi antérieure. Pays de mangeurs de cochon et d’Inquisition, l’Espagne avait trouvé une méthode diabolique pour éprouver la foi chrétienne des juifs et musulmans fraichement convertis. Contraints à manger du lard ostensiblement pour montrer leur probité, ils devaient par exemple consommer ce duelos y quebrantos, spécialité de la région de la Mancha composée d’œufs, de lard, de chorizo, d’abats et de poitrine de porc. De quoi faire une vraie crise… de foie.

New-York, New-York

Bien plus tard à New York, à la fin du xIx° siècle, les juifs immigrés d’Europe de l’Est initient les nouveaux venus irlandais au bœuf salé, une savoureuse viande peu à peu utilisée comme substitut moins coûteux au lard traditionnel.
Cette recette figure désormais au menu de la Saint-Patrick!

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Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

Editions
317pages, 12,90€
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