« Être chocolat : avec ou sans bras…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

américain du sud

Au milieu du xvie siècle, le conquistador Fernando Cortés est le premier Occidental à goûter au chocolat mexicain : un breuvage sacré riche de symboles, composé de trois fèves pilées (le piment rouge, le maïs jaune et le cacao roux). Après avoir trucidé des millions d’Aztèques et saccagé les civilisations d’Amérique centrale, l’Espagnol remonte sur sa caravelle, la soute pleine d’or martelé et… de fèves de cacaotier. Ayant remplacé maïs et piment par du miel et de la cannelle, il hispanise le nom originel issu du nahuatl, composé de atl « eau » et de xococ « amer ».

Chocolat amer

Amère histoire que celle du chocolat, pourtant considéré comme un réconfort ambulant, mais aussi de l’expression être chocolat. À l’origine, elle vient d’un jeu : celui du clown Chocolat, phénomène de scène à la Belle Époque. De son vrainom Rafael Padilla, cet ancien esclave naît à Cuba en 1868. Arrivé en France par Bayonne, il est remarqué par un artiste de cirque pour ses talents de danseur et de cascadeur. Sa peau noire lui vaut le surnom pas franchement original de Chocolat. Se produisant au Nouveau Cirque, il fait équipe avec le Britannique George Foottit: les deux compères sont considérés comme les parents du clown moderne. Chocolat y joue le clown blanc subissant les brimades de Foottit, qui clôture son sketch par un victorieux : « Il est Chocolat! », l’intéressé répondant d’un sourire amer : « Je suis Chocolat. »

raté!

Synonyme d’avoir le bec dans l’eau, cette formule plus dure que fondante est popularisée par les joueurs invétérés ! Le « chocolat » était le complice qui appâtait les joueurs de bonneteau. Par extension, le perdant dupé était chocolat lui aussi, tel Les Pieds Nickelés en Amérique en 1927 : « Si jamais les policemen ramenaient leurs gigots par ici, nous serions chocolats. » On appelle tablette de chocolat des abdos soignés, tandis qu’en argot la même tablette désigne les chicots crados. La turbine à chocolat, c’est l’anus en langue verte, et depuis le film Forrest Gump, on connaît cet aphorisme : « La vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. »

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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