« Verser un pot de vin » : bienvenu chez rasade…


Chaque samedi Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

une vieille expression

Si aujourd’hui, le pot-de-vin a toujours l’air de traîner derrière lui moult casseroles, il signifiait au départ simplement ce qu’il est : un pichet contenant du vin.
À Lyon et en Bourgogne, on parle encore de pots quand on verse le vin. Pour la plupart des autres francophones, cette formule évoque moins le fruit de la vigne qu’un imaginaire lié à la corruption politique et au racket.
Très ancienne, l’expression de pot-de-vin en guise de cadeau apparait en 1510: dans une lettre adressée à Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas, Jean Caulier, ambassadeur du futur Charles Quint, invite notamment la régente à soigner le messager, « à le faire bien traiter et donner quelque bon
pot-de-vin ou gracieuseté, car cela polroit ayder à l’expédition des matières qui se tractent par de ça »
.

Chez les rois

Au fil du temps, la « gracieuseté » devient « pot-de-vin ». En 1769, il est défini dans le dictionnaire de Pierre Richelet comme étant « ce qu’on donne outre le marché ». C’est là le vrai sens de « par-dessus le marché » : quelque chose qui vient en supplément, au-dessus de la somme dite… Ou par-dessous!
On parle bien de dessous de table. Si la formule imagée qui consiste à graisser la patte est assez transparente, on trouve dès le XIX° siècle une « carotte » plus exotique : le bakchich, cette corruption à l’orientale, emprunté au turc baksis, « le pourboire » : « Je puis mettre à votre disposition une centaine de fellahs intrépides qui, sous l’impulsion […] du bacchich, gratteraient avec leurs ongles la terre jusqu’au centre… », assure Gautier dans Le Roman de la momie en 1858.

Au restaurant aussi !

Au restaurant, il est aussi question d’argent en plus : c’est le fameux pourboire, dit pourliche, une pratique qui consiste à laisser un peu de menue monnaie pour permettre au serveur d’aller boire un canon. Si le Français est jugé radin par les serveurs du monde entier, l’Anglais est réputé généreux ! On raconte qu’au XVIII siècle, c’est un patron de pub qui eut l’idée de poser une boite dans laquelle les clients pouvaient déposer des pièces pour s’assurer un service plus rapide : « To Insure Promptness », un acronyme lisible dans le mot TIP, qui veut dire « Pourboire ».

. . . . . . .

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

Editions
315 pages, 12,90€

Précédent Jean-Marc & Antonin Pillot, le Chassagne dans le bon sens...
Suivant Les Beaujolais sont-ils taillés pour la garde?

Pas de commentaires

Répondre