« Être une bonne pâte », ne veut pas dire avoir un caractère malléable…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

« Son frère était certainement une excellente pâte d’homme qui, j’en suis sûr, n’a jamais eu l’idée du crime », admet l’assassin-poète Lacenaire dans ses Mémoires, en 1836.
La bonne pâte est aussi appelée pâte tout court ; elle est le synonyme d’une « crème d’homme », autre figure comestible. La pâte, elle, est polysémique ! On parle à la fois de pâte à pain, de pâte à choux, mais aussi de pâtes « alimentaires ». L’extraordinaire diversité de ces dernières oblige les experts à les nommer par leur nom intrinsèque aux accents transalpins : penne, pappardelle, rigatoni, mafaldine, lumaconi…

À l’origine, la pasta latine, héritée du grec, désignait un « mets à base de céréales et de fromage ». La légende a marié pour l’éternité Marco Polo l’explorateur à la spaghetti : il aurait introduit cette spécialité dans sa botte natale à son retour de Chine. En réalité, la pâte est d’abord retrouvée chez les Mésopotamiens, qui se régalent de risnatu, des pâtes râpées dans un liquide bouillant. En Grèce, à Rome et au Proche-Orient, on produit et on consomme des laganon, qui désigne en grec un morceau de pâte découpé en bandes, soit l’ancêtre de la lasagne.

La production de pâtes sèches est introduite à Palerme pendant l’occupation arabe de la Sicile entre le IX ème et le XI ème siècles ; les habitants de l’île auraient été les premiers à pendre les nouilles sur des cordes à linge pour les faire sécher et à calibrer les pâtes en petits tubes ! Le mot spaghetti désigne d’ailleurs la ficelle en langue arabe. En France, la cuisson des pâtes est loin d’être un sujet de vie ou de mort comme en Italie. Loin de viser la fameuse cuisson al dente, les pâtes à la française s’appellent encore chez certains des nouilles, beurrées et mollassonnes. Dès le xvie siècle, la tradition allemande des pâtes fraîches aux œufs appelées nudeln gagne l’Alsace, où elle devient une noudle dans l’Encyclopédie de Diderot avant de devenir nouille. Au figuré, si le « style nouille » est le surnom donné à l’Art nouveau à la Belle Époque, en raison des volutes et arabesques qu’il préfère aux lignes droites, une nouille est une personne pas bien futée.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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