« être cucul la praline  » mais tout en gardant du croquant


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Depuis longtemps, on préfère l’adjectif cucul à niais ou gentillet : plus méchant et plus sonore, il s’accompagne à l’occasion de la praline, chargée d’intensifier l’expression. À l’origine, on associait le puéril cucul à la fraise ou à la rainette ; dans le roman Travelingue de Marcel Aymé, on peut lire : « Tous les regards s’étaient tournés vers lui et le public se mit à rire gaiement, du reste sans hostilité. On le trouvait simplement cornichon, cucul la rainette, ratapoil et rantanplan. »

En France, deux villes se tirent la bourre pour s’arroger la paternité de la praline, cette amande grillée entourée d’une croûte de sucre qu’on appelle « chouchou » dans les fêtes foraines. À Montargis, la « Venise du Gâtinais », la praline est brune, tandis qu’à Saint-Genix, près de Lyon, elle est rose bonbon. Bien connus des monts du Lyonnais jusqu’à Roanne, la brioche de Saint-Genix et la tarte à la praline brillent de mille feux au dessert, tandis que la praline belge est un chocolat délicieusement fourré.

L’histoire nous apprend que la gourmande praline tire son nom d’un maréchal de France et pair du royaume sous Louis XIII, une sorte d’ambassadeur. Il voyagea notamment jusqu’aux Seychelles, colonie française à l’époque, où une île porte désormais son nom : Praslin. Le comte du Plessis-Praslin avait sous ses ordres un cuisinier, Clément Lassagne de son petit nom, qui inventa à Montargis, fief ducal, la recette de la praline. Appelée ainsi en hommage au patron, elle est d’ailleurs d’abord orthographiée prasline.

Il se trouve que sur l’île de Praslin pousse un fruit aux appétissants contours : une sorte d’énorme noix de coco aux formes chaloupées nommée le « coco-fesses ». La légende raconte que le duc, surpris par cette forme rigolote, en aurait ramené dans ses bagages pour amuser la cour. Des siècles plus tard, le coco Praslin est devenu cucul la praline, voire cucul la pral’ dans certains cas !

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
317 pages, 12,90€

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