« faire les choux gras », ou comment tirer profit d’un légume…


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

c’est choux, non?

Chou vient du latin caulis, un mot pas très mignon. Depuis qu’il s’est mis à chuinter au xiie siècle, il est omniprésent dans les expressions populaires. Si le chou désigne souvent le siège de la pensée – ne se prend-on pas le chou ? –, il n’est pas étranger au calembour : être dans les choux, c’est « échouer » ! Sans parler de l’homme à tête de chou de Gainsbourg, « moitié légume et moitié mec », rendant hommage aux oreilles décollées.
Au XIX ème siècle, les patrons des bouillons font leurs choux gras de l’obsession de la clientèle pour les ronds irisés qui signalent la présence de gras dans le bouillon. Les plus malins font appel à un « cracheur d’yeux de bouillon », chargé de diffuser entre ses dents, tel un spray humain, des gouttelettes d’huile à la surface de la marmite.

et la viande?

Trois cents ans plus tôt, la viande était rare dans les bouillons, mais pas le chou. Pour rendre le bouilli plus goûteux, on ajoute du lard : une viande bon marché qui rend le chou gras. On finit par dire du chanceux qui fait un bénéfice qu’il a « fait ses choux gras ». Au XVII ème siècle, le sens s’élargit vers « tirer profit », le chou donnant l’image d’un porte-monnaie feuilleté de billets. Aujourd’hui, l’expression est associée à la presse qui fait ses choux gras des scoops !

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

. . . . . . . .

Editions,
317 pages, 12,90€

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