« Ce n’est pas ma tasse de thé » mais ce n’est pas une raison pour bouder !


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

Comme d’autres boissons chaudes telles que le chocolat, le café ou le yerba maté, le thé, feuilles aromatiques issues du théier, n’a rien de local en Occident. Apparu au milieu du XVII ème siècle en France, le mot thé est un vrai routard linguistique ! Issu du chinois dialectal t’e passé par le néerlandais tay, sa forme définitive thé serait dérivée du latin moderne.
En Angleterre, le thé représente le réconfort ultime par excellence. On peut dire que ce liquide chaud et ambré a fait son trou dans cette île pluvieuse, au point de rythmer la vie des Britanniques sous la forme d’une vapeur bien plus odorante que la purée de pois.

L’arrivée de cette boisson à Londres, déjà millénaire en Chine, fut des plus… royales ! En 1661 à Lisbonne, est signé un traité de mariage entre Charles II d’Angleterre et l’infante du Portugal, Catherine de Bragance. La Lusitanienne ne vient pas les mains vides : sa magnifique dot comprend notamment Bombay et Tanger, deux comptoirs coloniaux fort jalousés. À son arrivée à Portsmouth en 1662, elle apporte des marmelades tangerines et des caisses de thé venues d’Inde frappées d’un  » Transporter de Ervas Aromaticas ». La légende raconte que le mot tea en est l’acronyme !

Le thé fait tellement partie des meubles en France qu’au XIX ème siècle, il intègre les locutions anglaises :  » It’s not my cup of tea « » » est traduite littéralement par « Ce n’est pas ma tasse de thé. »
Un comble, dans un pays qui depuis la mode lancée par Madame de La Sablière au XVII ème siècle, a noyé le thé sous du lait – une recette qui a séduit les Anglais.

Au XIX ème siècle, les tea clippers, de légers voiliers, font la course sur les mers pour aller chercher du thé en Chine. Conscients de leur monopole, les Chinois pratiquent des prix de plus en plus prohibitifs, limitent l’accès au port de Canton et refusent de troquer leurs feuilles contre le textile anglais. Pour faire pression sur la Chine, ces derniers introduisent sous le manteau l’opium dans l’empire du Milieu, signant ainsi le début de la guerre de l’opium qui s’achève avec l’annexion de Hong Kong par les Anglais en 1842.

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Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

Editions
317 pages, 12,90€

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