Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
Pas celle que l’on croit
Violettes ou jaunes, les jolies prunes ont hérité leur nom du latin pruna, qui a aussi donné prunelle et pruneau. Séchée, tel le pruneau, elle est fripée mais bien conservée, et a longtemps été un mets de choix pour le marin au long cours. Semée par les pervenches, la variété la moins aimée des prunes fleurit sous les essuie-glaces. C’est effectivement courant que le contrevenant grommelle un boudeur « j’ai pris une prune » après s’être garé en double file ! Mais quel est le rapport ? Depuis le XIVème siècle, un coup bien senti du pied ou du poing s’appelle aussi une prune. Depuis l’avènement des mousquets, c’est le petit nom qu’on donne à la balle. Sur l’échelle de la douleur, celle ressentie par le citoyen en devoir de s’acquitter d’une contravention est semblable à celle provoquée par une bonne patate.
Lio : la reine des prunes
C’est autre chose qu’une reine-claude ! Ce petit fruit recherché prit le nom de la sympathique épouse de François Ier, Mme Claude, restée dans les mémoires pour avoir distribué sans compter les prunes de son jardin ! Presque précieuses, les prunes véhiculent cependant une idée de valeur médiocre. Lio nous met d’ailleurs en garde : « Les brunes comptent pas pour des prunes. »
prune historique
Il y a une raison assez piteuse d’un point de vue historique : en 1148, les armées de la deuxième croisade décident d’attaquer la ville de Damas, en dépit de l’alliance unissant chrétiens et gouverneurs musulmans. Le siège de Damas ne fut pas un carton plein : les Européens se prirent une sacrée déculottée et rentrèrent la queue basse. D’après la légende, c’est durant ce siège que les croisés découvrirent les fameuses prunes de Damas ; un groupe de templiers à la main verte aurait rapporté des pruniers dans le Sud-Ouest, une région très favorable au Temple et à la croissance des prunes. Ce maigre butin aurait provoqué la colère du roi, qui aurait proféré cette expression apocryphe : « Vous n’y êtes allés que pour des prunes ! » C’est donc pour cela que les templiers avaient mis le souk au Moyen Orient : pour des pruneaux !
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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