« il ne faut pas s’embarquer sans biscuit » : sinon vous êtes cuit!


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

miettes sucrées

Qu’il soit boudoir, gaufrette ou petit-beurre, le biscuit est aussi sec que cassant. Pas embarrassé par les frous- frous de divas des grandes pâtisseries à la crème, il se glisse dans un sac ou se conserve dans des boîtes en fer-blanc. Orthographié bescuit au XII ème siècle, il signifie littéralement « cuit deux fois ». Copain de la biscotte, c’est en revanche le faux ami du biscoteau, ce biceps volumineux inspiré du mot costaud, malgré son côté étouffe-chrétien!
Terme de faïence, le biscuit désigne une porcelaine blanche cuite deux fois, qui imite le grain du marbre. Au bord des plages, on trouve des biscuits de mer, ces os de seiche qu’on croirait cuits au four.

trempage de biscuit

Dans la langue, le biscuit croustille de façon plutôt agréable : tremper son biscuit est une métaphore biscuitière de la pénétration. Dans le portefeuille, le biscuit est le bienvenu, car en avoir, c’est crouler sous l’oseille, le flouze, les radis ! La célèbre nouvelle Boule de Suif de Maupassant dresse le portrait d’une héroïne normande qui ne s’embarque pas sans biscuit.
En 1871, en pleine guerre franco-prussienne, elle fuit l’occupant en montant dans la diligence de Dieppe : elle partage la voiture avec des notables qui se pincent le nez devant cette prostituée. Copieusement ignorée, elle devient fort intéressante quand, au moment où l’équipage est prêt à vendre sa mère pour un quignon de pain, elle sort un panier contenant deux poulets froids, « et l’on apercevait encore dans le panier d’autres bonnes choses enveloppées, des pâtés, des fruits, des friandises, les provisions préparées pour un voyage de trois jours, afin de ne point toucher à la cuisine des auberges ». Les bourgeois surmontent alors leur répugnance, juste le temps de piller les provisions que Boule de Suif leur propose généreusement.

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
312 pages, 12,90€

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