Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…
de l’arbre à la none
Même si on baigne les beignets dans l’huile, beignet ne vient pas de baigner. Dérivant de buyne au XIV ème siècle, la « bosse », les origines de beignet remontent au celtique bunia, « la souche d’arbre », une protubérance bien moins comestible. Une bosse, donc! Peut-être celle qu’elle ne manque pas de former sur le ventre.
Servi pour Mardi gras, ce petit bossu joyeusement frit fut longtemps une des manières les plus appétissantes d’écouler les réserves d’œufs et de beurre restant après le Carême. Dans la région lyonnaise, on parle de « bugnes ». Parfumés à la fleur d’oranger, les beignets prennent des noms divers selon les régions, « tourtisseaux » en Poitou, « merveilles » dans le Sud-Ouest ou « pets-de-nonne » en Champagne.
un dessert « gag »
On dit que ces derniers seraient nés à la fin du XIVème siècle à l’abbaye de Marmoutier, réputée pour sa cuisine. En pleins préparatifs d’un repas en l’honneur de l’archevêque de Tours, une novice stressée aurait laissé échapper un malencontreux « prout » : « Soudain, raconta le gastronome Fulbert-Dumonteil, un bruit étrange et sonore, rythmé, prolongé, semblable à un gémissement d’orgue qui s’éteint, puis aux plaintes mourantes de la brise qui soupire dans les cloîtres, vient frapper de stupeur l’oreille indignée des bonnes sœurs. » Interdite, elle fit tomber une cuillerée de pâte à choux dans de la friture bouillante. De cette maladresse naquit un délicieux beignet soufflé.
Sa prononciation équivoque lui valut d’être décliné avec plus ou moins de bonheur : « beignet venteux, soupir de nonne, pet-de-putain, pet-de-vieille »… Bien plus véloce que son cousin le beignet, la beigne est un coup, ou une bosse, fruit d’une blessure. Se prendre une beigne n’est jamais plaisant ; en revanche claquer le beignet est tout à fait réjouissant. Ce vif soufflet est censé punir le visage d’un importun, son beignet, moelleuse métonymie figurant un joufflu faciès. À ne pas confondre avec claquer le baigneur, une expression du XXème siècle qui, elle, vise en dessous de la ceinture! Il s’agit d’administrer une fessée ou une tape sur les fesses, le baigneur étant ici le fondement – il paraît qu’on le lave souvent.
Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA
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