« Un festin de Balthazar » sans être celui de Babette


Chaque samedi, Les Buvologues vous proposent de découvrir les origines d’expressions du langage courant qui nous viennent de la cuisine. Et cela ne manque pas de sel…

A comme Asterix

Rituel de fin des albums d’Astérix, le festin est un moment béni où les ventres se remplissent et les gens rient. Si nos ancêtres les Gaulois ne se repaissaient pas de sanglier rôti, ils passent pour être les inventeurs de la charcuterie! Le mot festin est doux à l’oreille : apparu à la fin du XIVième siècle, il est emprunté à l’italien festino, la « petite fête », qui l’apparente au mot foireFestin s’accompagnait du verbe festiner et du substantif festineur, aujourd’hui disparus.
En langue française, le festin est associé à une personne illustre. On parle parfois de « festin de Lucullus », en hommage au général romain célèbre pour ses banquets aux recettes excentriques. Plus rare est le « festin chez Trimalcion », du nom d’un laquais de fiction du Satyricon de Pétrone. Enrichi et affranchi, il offre des agapes de fort mauvais goût qui le confinent dans sa classe d’origine.

repas de fêtes

La formule festin de Balthazar ne fait pas référence au roi mage mais à un roi babylonien du vie siècle avant J.-C., réputé pour organiser de sacrées tablées. Un jour que lui et ses commensaux y louent les dieux de l’or et de l’argent, une main surnaturelle écrit sur le mur une phrase sibylline… Une menace divine ! En argot, cette expression lettrée fut rabotée en simple balthazar, synonyme de gueuleton comme ici : « Fais venir du bon! Des côtelettes, des cornichons, une salade, deux sous de brie, un litre de cacheté, le café et la goutte! On va faire un balthazar », lit-on en 1932 dans un livre sur Vidocq.

Dans la nouvelle de Karen Blixen, Le Festin de Babette, une Française réfugiée après 1871 au Danemark dans une communauté de protestants traditionnels gagne à la loterie. Pour remercier ses bienfaiteurs, elle décide d’offrir un festin à une douzaine de convives peu portés sur la tortore. Elle met le paquet : soupe de tortue, blinis Demidoff caviar et crème, cailles en sarcophage au foie gras et sauce truffée, fromages, savarin, fruits exotiques et babas, champagne millésimé. Affolés par cette pécheresse invitation, ces fesse-mathieux de dévots s’accordent pour ne pas prononcer un seul mot sur les plats. C’est sans compter le talent de Babette, ex-cheffe du Café Anglais à Paris…

Extrait de
« 150 Drôles d’expressions de la cuisine qui ne manquent pas de sel »
avec l’amicale autorisation de l’auteure Marcelle RATAFIA

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Editions
312 pages, 17,90€

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