« Francs de pied : la nouvelle utopie viticole ? » Le documentaire de David Bessenay & Jean-Pierre Vial commence sa vie dans les salles obscures. Nous étions à une avant première particulière.
en terre de Nuits
Près de 200 personnes se sont déplacés pour assister à cette avant-première
Le vendredi 21 mars, le cinéma « Le Nuiton » à Nuits Saint Georges (21) accueillait près de 200 personnes dans son unique salle et projetait le documentaire consacré aux vignes non-greffées. Nous vous avions déjà parlé de ce documentaire avant qu’il ne naisse à l’écran (lire : « Francs de pied » : le film d’une utopie viticole bien réelle!). Et aussi cautionné son financement participatif. Un projet qui nous tient à coeur.
Les premières projections se sont déroulées dans le vignoble de coeur et de vie des réalisateurs, le Beaujolais et sur Mâcon. Jean-Pierre Vial et David Bessenay, sont partis à la rencontre des vignerons en quête du goût de la vigne originelle. 52 minutes d’une enquête au coeur du vignoble français qui vont révéler bien des surprises…
Un graal ?
Après la projection la parole est aux spectateurs
Comme un fil rouge, les réalisateurs, personnifiés par David Bessenay partent à la rencontre de ceux qui ont planté des vignes non greffées avec plus ou moins de bonheur. Les réponses à leurs questions sont d’abord dans le sol avec l’histoire de ce puceron ravageur qui décima le vignoble français au XIXème siècle. Le salut du vignoble vient alors des porte-greffe américains qui empêchent sa prolifération. Le premier interviewé est le bien nommé monsieur Bouteille. Un pépiniériste qui forcément apporte la controverse sinon, et bien, il serait au chômage !
irrigation et pneumatique
Retour dans la hall du cinéma pour une dégustation particulière
Quelques vignes survivent dans les différents vignobles, sans trop que l’on sache alors pourquoi. Nos réalisateurs-enquêteurs sillonnent la France : Bordeaux, Loire, Provence, Bourgogne, Beaujolais… Les vignerons et vigneronnes qu’ils rencontrent sont des passionnés à la recherche d’un goût perdu. Celui du vin de Noé comme celui du paradis perdu. Une saveur qui ne se transmet que par la tradition orale. « Avant que la greffe ne prenne » si vous nous permettez l’expression.
Les méthodes pour empêcher le retour du phylloxéra (car toujours présent et actif dans la terre) au sein des vignes francs de pied sont pour le moins surprenantes. Les moyens de lutte s’avèrent efficace.
parole viticole
Les deux vins issus de Francs de pied dégustés après la projection :
Un Bourgogne rouge 2019 et un Moulin à Vent 2018 en magnum
Clairement les vignerons qui produisent des vignes « franches de pied » parlent plus de leurs déboires que d’en boire. Mortalité élevée, rendement bas voire ridicule, dessèchement… Les futurs vignerons qui regarderont le documentaire ont interêt d’avoir la foi pour en planter.
MAIS car il y a toujours un mais. Quand les producteurs prennent la parole pour parler du goût de leur cuvées tous les malheurs sont oubliés. Ils vous parle de densité, de chair, de salivation et surtout d’émotion. Autant de mots qui vous mettent le vin à la bouche. D’ailleurs les différentes cuvés produites par les vignerons rencontrés seront au centre d’une dégustation mythique à laquelle nous avons eu la chance de participer. Cette scène est d’ailleurs placée à la fin du film comme une conclusion tactile.
Dégustation thématique
Thibault Liger-Belair, vigneron à Nuits Saint Georges (21), est également producteur
de Moulin à Vent en Beaujolais
Après une salve d’applaudissement méritée, le micro est donné au public. Ce sont les vignerons de la côte de Nuits, Thibault Liger-Belair (Moulin à Vent) et Philippe Charlopin (Gevrey-Chambertin) présents dans la salle qui répondent avec les réalisateurs aux questions et intervention des spectateurs. A entendre ses interrogations, le public est aussi curieux que connaisseur. Les vignerons partagent leurs ressenti comme leur expériences. A l’instar de Thibault Liger-Belair s’adressant à un spectateur qui voilait savoir l’âge des ceps : « La vigne que j’ai reprise avait 80 ans. Le vigneron m’a répondu que quand lui l’a reprise, elle était déjà vieille… » * Puis c’est par un bon mot que Philippe Charlopin invite le public à venir déguster les cuvées issues de vignes « franches de pied ».
Jean-Pierre Vial dédicace l’affiche signée Eric Martin sous le regard de son épouse Corinne
Séances dédicace et séances tout court
Durant la dégustation, les réalisateurs et même les vignerons ont dédicacé des affiches du film tout en continuant de répondre verres en main aux spectateurs. bonne nouvelle si vous n’avez pu participer à cette séance, d’autres avant-premières sont déjà programmées :
Le 4 avril 2025 à Saint Étienne (69) cinéma Le Méliés avec l’association Elli / le 11 avril au cinéma La Palette à Tournus (71) le 11 avril.
Nous ne pouvons que vous convier à visionner ce documentaire passionnant. Et d ‘y aller accompagner afin de discuter du sujet. Car, c’est prévu, il y aura un verre de « francs de pied » à boire après!
Reportage,
Guillaume Baroin
Photographies,
L’oeil des vignes
*Cette vigne qui donne la « Cuvée centenaire » change de nom cette année pour devenir la « Cuvée du cent cinquantenaire », une preuve de sa résistance !
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